Il se dissout presque toujours imparfaitement dans l’eau et bien dans l’alcool qui le modifie parfois. Les acides et alcalis forts le détruisent, mais utilisés d’une manière étendue, la matière colorante subit différents changements de couleur.
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Synergie Utiliser la synergie qui existe naturellement entre les végétaux médicinaux est une pratique connue et utilisée depuis des siècles, les diverses alliances renforçant leurs pouvoirs curatifs mutuels, développant même de nouvelles propriétés. Il est même aujourd’hui reconnu que le fait de séparer les principes actifs d’un végétal ne rend pas ce principe forcément plus efficace, parfois il se produit même le contraire ; on perd la capacité curative en isolant les substances. Est moins reconnue aujourd’hui la synergie qui existe entre les végétaux tinctoriaux dans l’obtention de couleurs alliant beauté et solidité. Dans un bain en fermentation une plante à caractère fragile s’alliera subtilement avec une plante à caractère solide. Le mélange de plusieurs essences différentes améliorera considérablement, à la fois le bain lui-même, la tenue de la couleur et la beauté de la teinte. Cela est possible aussi dans un bain des teintures à chaud. Les anciens le savaient fort bien et l’on peut trouver dans certaines antiques recettes des textes du genre : « broyez des noix avec de l’orcanette de bonne qualité, cela fait, mettez y du vinaigre fort ; broyez de nouveau ; ajoutez y de l’écorce de grenadier ; laissez trois jours, et après, plongez y la laine, elle sera teinte à froid. » Extrait des Papyrus de Leide, les Alchimistes Grecs.
Les superpositions servent aussi à créer de nouvelles couleurs et des laines fantaisies à plusieurs couleurs. On peut superposer ainsi autant de fois que l’on le désire tant que les fibres ne sont pas arrivées à saturation de leur capacité d’absorption des pigments.
Dans le cas du sureau yèble, on peut déceler l’amorce des processus de putréfaction à plusieurs signes : son odeur change, elle devient nauséabonde, ainsi que sa couleur. Par temps froid, quand il n’y a aucun risque de putréfaction il donnera de très beaux bleus, par temps chaud il donnera plutôt des verts et si la putréfaction est vraiment avancée il ne donnera plus que des jaunes- verts vraiment pas très beaux car teinté de brunâtre et sans luminosité. Si on mesure le ph de ce bain en putréfaction, on remarque qu’il est proche du neutre.
Bain de teinture Un bain de teinture est un liquide dans lequel se tiennent en dissolution des matières colorantes, des pigments. Certaines matière sont traitées par l’eau froide, d’autres l’eau chaude voir une ébullition, certaines auront besoin de dissolution acide, d’autres alcaline ou saline, certaines nécessitent une fermentation lactique, d’autres l’action d’enzymes ou une longue macération. Certaines matières tinctoriales auront besoin de température pour se fixer d’autres ne la supporteront pas. C’est la matière colorante qui impose le mode opératoire. Certaines plantes auront exclusivement besoin d’une macération pour être efficace en teinture et obtenir des couleurs éclatantes et plus solides (sureau yèble, phytolaque et la plupart des plantes à baies contenant des colorants anthocyane), mais aussi lerumex si l’on désire en obtenir des bleus. D’autres plantes seront mixtes et pourront être aussi bien utilisées en fermentation et/ou macération qu’en bain avec cuisson préalable (la plupart des feuilles, fleurs, écorces, racines). Agents changeants Ce sont tous les corps qui peuvent changer les nuances des fibres teintes, généralement les alcalis, les acides, la lumière, les sulfates et acétates de cuivre et de fer… On peut s’en servir pour aviver les couleurs et changer les couleurs, certains en post bain comme les substances acides et basiques et d’autres peuvent être aussi bien utilisés au cours du mordançage comme les sulfates et acétates. Acétate (de fer)
Bien que j’aie décidé dès le début de mes travaux, de ne pas travailler avec les substances métalliques pour me concentrer uniquement sur les végétaux en différents milieux de bain, j’ai toutefois par curiosité et à titre d’essais fait quelques expériences. En effet, cette utilisation sur la laine et les fibres animales plus généralement demandent un dosage très précis et minime sous peine que les fibres s’abîment et deviennent rêches et cassantes. Communément aussi appelé « soupe de clous », l‘acétate de fer est facilement réalisable en mettant dans un récipient fermé du vinaigre d’alcool, de cidre ou de vin (les teintes différeront selon) des petits objets en fer. Leur oxydation dans ce milieu acide produit le liquide appelé acétate de fer. On peut l’utiliser avec parcimonie, car cette solution est très agressive pour les fibres animales, pour obtenir des tons foncés avec les végétaux contenant des tanins et de l’acide gallique. Exemple : obtention de gris et de noirs avec l’aulne, le chêne, le châtaigner par trempages successif. Son utilisation sur les fibres végétales est plus facile car elles sont moins sensibles et risque moins la destruction. Je m’en sers également pour savoir si une plante contient des tanins ou de l’acide gallique en mettant quelques gouttes dans un tube contenant une décoction de plante, si la solution noircit, nous sommes certainement en présence de tanin ou de d’acide gallique. Acide gallique L’acide gallique (acide 3,4,5-trihydroxybenzoïque) est un composé organique aromatique, l'un des six isomères de l'acide trihydroxybenzoïque, largement répandu dans les plantes soit sous forme libre soit comme composant des gallotanins. On le trouve à l’état naturel dans des galles de chênes (ou noix de galle), de sumac, d’hamamélis, les feuilles de thé, l’écorce dechêne, entre autres plantes. Sa formule chimique est C6H2(OH)3COOH. Les sels et esters tirés de cet acide sont appelés gallates. Avec le chlorure de fer(III), il produit du gallate de fer de couleur bleu-noir. Chauffé à 220°C, il perd son groupement -COOH pour donner du pyrogallol. ( source de ce paragraphe wikipedia) Acide oxalique C’est un acide doux organique qui est produit par nombre de végétaux comme le rumex, la rhubarbe, l’oseille, la renouée du japon. Cet acide permet une bonne fixation des couleurs et la décoction de plante riche en acide oxalique me sert comme excellente base de liquide pour créer de nouveau bains de macération. Le ph d’une décoction bien concentrée de feuillage bien vert de ces plantes peut descendre facilement à 4 et même en dessous, ce qui est idéal pour bien démarrer les processus de transformation. La couleur de cette décoction n’étant pas tout à fait neutre, mais plutôt beige clair selon, je l’utilise pour les plantes donnant des jaunes, des verts et aussi des rouges. Je pense aussi que c’est l’acide oxalique contenu dans les racines du rumex, lequel en présence de l’ammoniaque du bain, créé ainsi une nouvelle combinaison organique qui donnera le rose puis le bleu. En chimie, l’oxalate d’ammonium est un produit qui passe au bleu à l’exposition aux UV. Il y a donc beaucoup de choses à découvrir encore sur l’utilisation de l’acide oxalique des plantes en teinturerie. On le trouve à l'état naturel sous forme d'oxalate de potassium ou de calcium dans les racines et rhizomes de nombreuses plantes telles que l'oseille, la rhubarbe, la betterave et les plantes de la famille des oxalis. Ce dernier terme d'origine grecque signifie oseille. Le sel d'oseille est connu et d'emploi commun comme rongeant, décolorant en teinture, détartrant et complexant éliminant les taches de rouille, vernis et encres depuis le XVIIIe siècle.( source de ce paragraphe wikipedia) Préparation des fibres
Cette action consiste à toutes les manipulations sur les fibres afin de les préparer pour recevoir les couleurs : dégraissage, mordançage, lessive de cendre… Mordants, mordançage Il y a tant de façons et de mordants qu’il serait impossible de tous les dire, de plus chaque teinturier fabriquait et fabrique ces propres recettes. Il y a tant de combinaisons possibles! Le mordant consiste en l’application d’une matière qui possède une grande affinité à la fois pour les fibres et pour les pigmentsutilisés. Ils peuvent aviver, modifier les couleurs, selon les mordants utilisés, le résultat final peut varié. Le sel de mer, l’alun, le sulfate de fer ou cuivre, ou certains alcalis comme la lessive de cendre, peuvent nous servir à cette opération de préparation des fibres. Mais aussi les tanins, l’acide gallique, l’acide oxalique contenus dans de nombreux végétaux, principalement les arbres, pour ne citer qu’eux bien qu’il y ait de nombreux végétaux à tanin et acide gallique comme le phytolaque qui possède les deux selon la phase de sa maturité, la reine des pré riche en tanins. Selon le mordant utilisé on peut à partir de la même matière tinctoriale obtenir des nuances différentes, c’est utilisé dans bien des technique de teinture. Il existe bien sur une bien plus grande quantité de mordants, dont certains, de substances métalliques et de substances minérales, très toxiques qui ne nous intéressent pas là. Toutefois certaines plantes ne nécessitent pas de mordançage préalable car soit leur pigment n’en a pas besoin pour ce fixer, soit ils contiennent suffisamment de tanin ou un autre composant se fixant bien naturellement. Ex : noyer et quelques essence d’arbres, indigo, certains lichens. Pour certains végétaux, certains mordants sont carrément préjudiciables à la couleur et peuvent l’endommager. Ex : le phytolaque. Double mordançage J’appelle double mordançage, la double action de préparation des fibres. Je fais séjourner un certain temps dans la lessive de cendre, ce temps étant variable selon la température extérieure et le ph de la solution, les fibres que je plonge ensuite dans un reste de bain d’alun. La réaction obtenue est très intéressante et permet de pratiquer la teinture aussi bien dans un bain chaud que dans un bain froid. Toxicité
Pour ma part, n'utiliser que les plantes ne présentant apparemment pas une certaine toxicité me limiterait de trop; la bourdaine est toxique, le genêt des teinturier mais aussi le genêt à balai, le sumac (dont une variété foudroyante), le sureau yèble, sorgho des teinturiers (mortel dans certaines conditions). Certainement beaucoup d'autres sont toxiques, dans les concentrations utilisées, concentrations qui ne sont pas des doses thérapeutiques car l'on cherche de grandes concentrations pour obtenir les teintes les plus vives et profondes. Je suis certaine, par exemple, qu'une décoction concentrée d'achillée millefeuille n'est pas anodine, loin de là), de même l'eupatoire, qui est une médicinale également, est aussi toxique pour le foie. La garance dont certaines matières actives sont médicinales et rendent bien service aux personnes ayant des problèmes rénaux, est également toxique en grande concentration. Hors, quand on teint, on est dans les doses largement suffisamment fortes pour être toxiques pour une majorité de plantes, donc il va être important va être de prendre des précautions par rapport aux bains eux même et de veiller à pratiquer un excellent mordançage afin d'obtenir une bonne fixation des couleurs, que les teintures ne déteignent pas et par là risquent d'être absorbées par la peau. On réservera pour les laines destinées aux bébés, les plantes reconnues pour leur non toxicité même à dose assez forte, avec des teintes plus légères, dans des teintes pastel. J’appellerais teinture à chaud, tous les bains obtenus en chauffant des plantes avec de l’eau, que ce soit à température douce comme la garance ou avec une ébullition et une décoction. La teinture des fibres est également obtenue en élevant la température du bain, la préparation des fibres diffère des procédés de bain froid fermentés et macérés.
Feuilles
Les feuilles sont plus concentrées en matières tinctoriales aux époques de la floraison et les tiges juste après. Par contre, pour les arbres à tanins, c’est au début de leur épanouissement que les feuilles seront plus riches. Écorce Les écorces d’arbres seront le plus riches au tout début du printemps, et si le printemps est froid et humide, plutôt au cours de l’été. Exemple : l’écorce de chêne contient 2/3 de plus de tanin au printemps par rapport à l’hiver. L’écorce extérieure contient moins de matières colorante que l‘écorce juste en dessous qui elle-même en contient moins que celle d’encore en dessous. Les écorces des jeunes arbres et jeunes branches sont plus riches en matières tinctoriales et tanins que les écorces des vieux troncs et vieux arbres et l’écorce unie que l’écorce rude. On choisira donc pour ces récoltes les jeunes branches auxquelles on peut mêler leur bois pour les plus fines. Fleur Les fleurs seront plus concentrées en matières tinctoriales juste avant leur épanouissement (ex : eupatoire chanvrine) et peu de temps pendant, mais certaines en contiendront davantage qu’une fois fanées (ex : dahlias). Il est important de tester en teintureles fleurs à différents stades de leur épanouissement afin de savoir quand les utiliser, cela peut être tellement variable d’une espèce à l’autre ainsi que d’une année à l’autre. Les couleurs obtenues peuvent être très variable selon la récolte, l’eupatoires chanvrine donne un beau vert anis en tout début de floraison et un jaune avec peu d’intérêt une fois la fleurs épanouie et passée. Tronc Les bois des troncs seront plus concentrés en matières tinctoriales à un âge avancé des arbres. |
Eléonore MoineCette page sera en constante évolution au fur et à mesure de mes travaux d'écriture, venir voir de temps en temps ou me suggérer des questions particulières auxquelles je peux créer un article. Adressez vos questions, n'hésitez pas! ArchivesRecherche mots clefs
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